Les Baumes de l'Artiste Peintre
(court extrait du livre)
Les baumes consistent en la dissolution naturelle d'une ou plusieurs résines dans un liquide volatil, le résultat sirupeux et oléorésineux que l'on appelle "baume", améliore le flux et l'adhésion des liants oléagineux et des médiums oléorésineux....
Avant d'utiliser ces baumes, vous devez prendre en considération qu'ils sont tous anti-siccatifs, on les utilise le plus souvent pour les glacis, dans les dernières couches de l'ouvre, à moins de les envisager comme une technique complète, à l'instar des maîtres du passé par exemple les frères Van-Eyck.
La caractéristique originale des baumes est leur grande plasticité, qui permet aussi de les utiliser comme plastifiants des vernis et des médiums.
Au stockage, à la longue, certains baumes cristallisent, il suffit de les chauffer pour leur redonner leur cohésion d'origine. J'ai conservé à titre expérimental sous forme solide du baume de Venise de chez HMB-BDA (Paris) durant plus de 20 ans et il est toujours actif. Pour l'utiliser, il suffit de le faire chauffer à bain-marie dans un peu d'essence de térébenthine.
Le Baume du Canada
Il est sécrété par une espèce de sapin baumier de la famille des Pinaceae : l'Abies balsamea, originaire d'Amérique du Nord.
Il est très utilisé en optique, car son indice de réfraction = 1,55 est proche de celui du verre.
Il est soluble dans le xylène, les huiles et les essences d'aspic et de térébenthine en partie.
On l'utilise en peinture à l'huile pour obtenir des glacis, des fondus, il confère aux pâtes un éclat cristallin.
Il faut ajouter très peu et seulement dans les dernières couches de l'ouvre, car il est anti siccatif
Le Baume de Venise ou Térébenthine de Venise
Il est fourni par le mélèze ordinaire le Pinus larix L, le Larix Decidua et le Larix occidentalis, exploité dans le Tyrol, le Piémont en Italie, en France vers Briançon, au Canada et au nord-ouest de l'Amérique du Nord; il fait partie de la famille des Pinaceae.
Le Baume de Venise est épais comme du miel, de couleur nébuleuse et claire allant du caramel au jaune verdâtre, lorsqu'on le débarrasse de son eau; son odeur rappelle celle de l'essence de térébenthine et du citron, avec une saveur amère et aromatique. Stocké il ne se sépare pas avec le temps et ne durcit pas en surface.
Il devient fluide à une faible chaleur au bain-marie et se laisse facilement couler.
Cette oléorésine contient de 15 à 25 % d'essence, elle est soluble dans l'alcool, le toluène, l'éther, l'essence et les huiles.
Le baume de Venise est peu siccatif comme tous les baumes, il faudra attendre assez longtemps entre chaque couche de peinture.
Le Baume de Tolu ou Baume du Pérou
Le baume de Tolu est le produit du tronc de l'arbre Myroxylon Toluifera de la famille des légumineuses, un arbre indigène de Nouvelle Grenade et qui pousse en Colombie, au Pérou, au Venezuela, en Argentine, au Brésil, au Paraguay et en Bolivie. Appelé "Baume du Pérou", car à l'origine on l'importait de ce pays, mais ce n'est plus le cas. C'est un baume aromatique qui exsude d'incisions pratiquées dans le tronc de l'arbre, puis recueillies dans des pots de fer-blanc.
Frais, le baume de Tolu est une substance douce, tenace, résineuse qui devient beaucoup plus dure dans le temps, mais craignant le froid. Si on chauffe un petit fragment de baume et que l'on presse entre deux morceaux de verre; sous microscope on peut voir dans la masse, des cristaux de l'acide cinnamique. Le baume de Tolu a une odeur parfumée et un gout légèrement acide. Il est utilisé en parfumerie, en médecine comme expectorant et dans la préparation de diverses substances aromatiques. Il contient du benzoate de benzyle, du cinnamate de benzyle, des acides libres cinnamiques et benzoïques, des traces de vanilline et des esters d'acides du toluresinotannol, un alcool de constitution très complexe.
Valeur acide = de 105 à 140
Valeur d'Ester = de 38 à 70
On réalise de très belles laques brunes avec le baume de Tolu.
Le Baume de Copaïba ou Copahu
Partie d'un genre qui consiste en 35 à 40 espèces d'arbres toujours verts, pouvant atteindre une hauteur de 15 mètres et autochtone d'Amérique tropicale et d'Afrique. Le baume est extrait des Copaifera officinalis L.qui en fournie la plus importante production, Copaifera guyanensis Desf., Copaifera coriacea Mart., Copaifera Langsdorffii Desf., Copaifera confertiflora Benth., Copaifera oblongifolia Mart. et Copaifera rigida Benth. Il fut découvert en 1625 par un moine portugais (Manuel Tristaon), qui rencontra des Indiens du Brésil.
Le mot 'copai' vient des Tupi amérindiens et en langue Tupi signifie : l'arbre et sa résine.
Le Copaifera pousse principalement dans les Forêts tropicales brésiliennes. Le baume est obtenu en forant des trous dans le tronc jusqu'au centre à l'aide d'une mèche et en enfonçant dans ces trous des tubes de fer-blanc par lesquels le baume s'écoule. Certains arbres fournissent souvent 30 litres de baume, voir davantage. La première récolte est incolore, avec une consistance d'huile vert olive à jaune pâle, et avec une odeur particulière et un gout amer. C'est une oléorésine que l'on distille,
pour en faire une huile essentielle comparable à l'essence de térébenthine. Mais une fois en contact avec l'air, sa consistance devient plus épaisse et jaunâtre, il devient alors un baume.
Les hydrocarbures dans le copaïba sont des terpènes provenant de plantes iosoprene, former de cinq atomes de carbones, le Pinène est un des terpènes le constituant. Réchauffés, les terpènes deviennent
du Méthanol (CH3OH) et d'autres composés simples utilisés comme combustible et comme matières premières dans l'industrie chimique.
Densité spécifique (20°C) = de 0.958 à 0.993
C'est un baume très intéressant, qui possède des caractéristiques proches de celles du baume de Venise, et que l'on utilise de la même manière.
Baume ou Térébenthine de Bordeaux
Elle provient de diverses espèces de pins, en France, dans les Landes et aux environs de Bordeaux, on la retire du Pinus Maritima, du Pinus Pinaster, Solander; en Allemagne, elle est fournie des Pinus Austriaca L, Pinus Sylvestris L et Rotundata; en Amérique des Pinus Taeda L et Australis et actuellement de Russie.
La térébenthine de bordeaux est un baume ayant la consistance du miel épais, qui se sépare avec le temps en deux couches superposées, l'une transparente et semi-fluide et l'autre résineuse à l'aspect cristallin. Son odeur est forte, peu agréable et sa saveur est âcre et amère.
Son point de fusion se situe autour de 130°C et elle bout vers 156°C
Son poids spécifique est environ de 0,856
Outre l'acide sylvique, cette résine, contient 15 à 30 % d'essence de térébenthine qu'elle abandonne par la distillation avec de l'eau. Elle est entièrement soluble dans l'alcool, l'éther, le sulfure de carbone et les huiles fixes et essentielles.
C'est un baume plus ou moins épais, suivant qu'il contient plus ou moins d'essence de térébenthine.
Ses domaines d'applications sont les mêmes que ceux des baumes de Venise et du Canada; toutefois le baume du Canada est celui de tous les baumes qui possèdent les meilleures caractéristiques pour les peintures artistiques.
La suite détaillée des baumes éxistants (8) se trouve dans mon livre disponible à l'achat ci-dessous